mercredi 2 décembre 2009

On n’est pas près d’évoluer !

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais j’ai l’impression que plus on évolue (technologiquement parlant), et moins notre civilisation occidentale judéo-crétine évolue, elle. Tenez, regardez : aujourd’hui on est capables de gérer la bourse via des ordinateurs et de l’argent virtuel, de piloter des robots à distance pour explorer la surface de Mars, de faire du trafic de graisse humaine pour fabriquer du rouge à lèvres (oué, j’ai lu ça sur Internet la semaine dernière !) ; mais malgré tout, on voit encore la société de la même façon qu’on l’envisageait il y a un siècle (voire avant) !

Dès l’enfance, on s’évertue encore à produire de parfaits petits citoyens modèles, standardisés, contrôlés, classés, marchandisés… Et on retrouve cette façon d’agir chaque année dans les catalogues des marchands de jouets, par exemple. Les filles en rose, les garçons en bleu.

Et d’encourager les filles à devenir des ménagères attentionnées, de bonnes petites toutounes qui ne se posent pas trop de questions. Il faut leur apprendre à faire le ménage, la cuisine, à aller au supermarché pousser un caddie de provisions, à langer un (ou plusieurs) chiard(s) braillard(s) (sans avoir envie de les estourbir), à aimer acheter compulsivement des fringues à la mode d’un jour pendant les soldes, à se maquiller comme une putain, à secouer son gros fessard blobloteux devant une application fitness de la Wii…

Pour les petits garçons, le sujet qui revient régulièrement à chaque page, en dehors du foot, c’est… La guerre, sous toutes ses formes ! ici, on fabrique en série des militaires en mettant à la vente les éternels petits soldats en plastique (j’ai eu les mêmes !), et autres bonshommes articulés et transformables en tout genre, des pistolets-mitrailleurs, ou encore des panoplies de ninja (très tendance depuis les années 70, le ninja !). Si on n’en fait pas des tueurs tout court, on en fera au moins des tueurs d’animaux grâce au tir aux pigeons (là, c’est carrément mon père qui a eu le même que celui du catalogue !), ou aux aventuriers de la savane armés jusqu’aux dents (gare aux éléphants !). Et puis si ça ne suffit pas, il restera toujours de la place dans la société pour en faire des ouvriers constructeurs d’autoroute, ou des pilotes de rallye dans le meilleur (ou le pire) des cas ! Car il faut voir les petites voitures qu’on fait aujourd’hui : elles ressemblent plus à des soucoupes volantes qu’à des deux-chevaux ! Et je ne vous parle même pas des circuits de Formule 1 qui n’en finissent pas, ou des 4x4 téléguidés rutilants aux roues démesurées, etc.

Et pour les ados, qui se font déjà depuis longtemps la guerre des marques au collège, puis au lycée, c’est la course à la technologie qui est de rigueur : il leur faut le dernier Ipod Nano -pour écouter en boucle la dernière merde insipide de la Staracadémie même pas téléchargée illégalement-, le dernier Mobile Iphone G3 avec déshabilleur intégré (ah pardon : cette invention n’existe pas encore ! Si je ne respecte pas la chronologie, aussi…), la dernière Xbox ou la Playstation 3 -pour dégommer des zombies dégoulinants d’hémoglobine à tour de bras jusqu’à 3 heures du mat- etc., etc.

Chaque année, c’est même de pire en pire : les catalogues de jouets épaississent et se garnissent de gadgets dernier-cri en plastique, fabriqués par de petits chinois payés à la cravache et élevés au riz transgénique dans des cages à lapins à même l’usine. Non, décidément, rien ne change ! Enfin quand je dis que rien ne change, ce n’est pas tout à fait exact !

Depuis quelques années, nous assistons à un grand boom écologiste qui arrose à peu près toutes les corporations. Les politiques aussi sont touchés, comme notre bon président Nicolas Sarkozy, par exemple. A Mauléon même Michel Etchebest s’y met timidement dans l’éditorial du bulletin municipal, c’est dire ! Enfin ne soyons pas dupes : c’est surtout pour des raisons bassement économiques, avouons-le… Tant que c’est à la mode et qu’il y a du business à faire, après tout, y’a pas de mal à se faire du bien au portefeuille, hein ?

Et bien chez les grossistes du jouet, c’est pareil : pour être à la mode, il faut vendre du BIO, de l’écolo, du durable, de l’environnement…
Tenez, sur le catalogue de JouéClub, par exemple, vous pourrez admirer la réactivité d’une entreprise qui surfe sur la vague verte sur 8 pages en quadrichromie sur papier glacé! C’est chic, ça brille, et ça fait du bien à la conscience, d’acheter à son gamin un joujou qui « protège la planète ! ».
Ah oui, parce que je ne vous ai pas encore dit : « protégeons la planète », c’est le nom de la rubrique concernée !
Alors voyons voir ça, ma petite dame : une "maison écologique" en plastoc fonctionnant avec 2 piles R6 (allons donc), Un magnifique Antquarium (Vous savez, cette espèce de prison gélatineuse qui sert à observer des fourmis en train de creuser des galeries), une éolienne ne fonctionnant pas sans une pile rechargeable, j’en passe et des meilleures…
Mais dites-moi ? C’est-il pas le nec plus ultra de l’écotartufferie, ça, Madame ?

Allez, Laurent, remonte nous un peu le moral avec tes vrais jouets écolos et la ludothèque, et j’embrayerai en suivant sur les chouettes cadeaux que vous pouvez offrir à Noël sans que cela ne vous pose de cas de conscience ; enfin, si vous tenez vraiment à fêter dignement la saint Coca-Cola !

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