mercredi 2 décembre 2009

Olentzero et la nature

J'aimerais parler de l'Olentzero encore. Un peu plus sérieusement cette fois-ci. Il y a quelques mois , j'ai parlé sur mon blog de la pastorale d'Alos. Mais ensuite je suis remonté assez loin dans le temps, un peu trop loin selon certains, pour parler de la responsabilité de la religion chrétienne dans, je dirais, l'ethnocide de la culture basque. Oui le mot est dur, l'ethnocide, ça fait mal aux oreilles, je sais. je ne dis pas que la religion est la seule responsable. Il y a la république française une et indivisible, l'école, le libéralisme, enfin tout ce que la civilisation porte en son sein en matière d’esprit de conquête, de colonisation, de guerre de suprématie, de puissance jusqu’à aujourd’hui. Mais je pense qu’il ne faudrait pas passer trop vite sur la religion sous prétexte que maintenant, de l'eau a coulé sous les ponts.
Le clergé a toujours voulu séparer en quelques sortes, le bon grain de l'ivraie, les vraies croyances et les fausses, afin de garder ce qui l'arrangeait et jeter ce qui la dérangeait.
Quand on parle par exemple de l'Olentzero comme messager de la naissance du christ, c'est un exemple parfait de la manière insidieuse au travers de laquelle l'église a essayé de modifier le message originel aujourd'hui perdu. L'Olentzero à l'origine n'annonce pas la naissance du Christ. Il annonce le retour de la lumière, le solstice d’hiver, les journées qui rallongent. Claude Labat dans son livre Olentzero dit que pour détourner les fidèles des cultes païens, l'église décide astucieusement de fêter la naissance du christ le 25 décembre. Pourtant rien dans la bible dit-il ne permet de déterminer la date de naissance du christ.
Quelques exemples encore qu’on peut lire dans un livre disponible à la bibliothèque de Mauléon « Panthéon Pyrénéens. » et qui montre la lutte féroce que l’église a mené contre la nature, contre les anciennes croyances et contre une certaine manière d’appréhender les rapports entre les humains et la nature, les humains et les humains, les humains et le cosmos.
Le synode d’Arles en 452 condamne la vénération envers les arbres les fontaines et les rochers. Le concile d’agde (567) déplore que certains adressent des vœux aux arbres aux fontaines et aux pierres commeaux autels ; le concile de Tolède (693) demande aux évêques de détruire la vénération aux pierres et aux sources quitte à infliger 100 coups de bâtons à ceux qui n’obéirent pas. Le synode de Paderborn (785) prévoit des amendes envers ceux, nobles ou esclaves à ceux qui donnent des vœux au nom des sources et des bois sacrées. En 1902 un synode en Hongrie demande qu’on en finisse avec les sacrifices auprès des fontaines et des arbres.
Je ne dis pas tout cela pour lutter contre l'église. Je me sens plus dans la peau du réformiste que du nihiliste. Elle est là, elle a gagné ce combat-là, le monde dans lequel nous vivons est le sien, point. je dis ça pour rappeler que l’église a largement contribué à construire ce monde à une seule dimension dans lequel nous vivons aujourd’hui. Qu’elle a toujours été un adversaire de la diversité naturelle et culturelle en partie. La religion a-t-elle changé ? J’aimerais lancer le débat. Un homme d’église euskaldun me disait récemment que les anciennes croyances des basques, sont anciennes, les anciens dieux n’étaient pas vraiment des dieux, les anciennes croyances n’étaient pas de la religion mais uniquement des contes et des petites histoires qu’on se racontait au coin du feu… En d’autres termes il faut savoir distinguer la fausse et vraie religion.
Pour conclure, quel message quelle idée faut-il en retirer en vue de ces fêtes de noël ? Et bien qu’on soit chrétien ou pas, quoi qu’il en soit, on doit transformer le regard que nous avons sur la nature et sur nous-même et, je pense, renouer un nouveau pacte avec cette nature que l’on a tendance à refluer dans les domaines du superflu et de l’inutile.

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