mercredi 31 mars 2010

En finir avec le mythe du feu purificateur.

Dans « Avant que Nature ne meure », le livre du Professeur Jean Dorst, dont la première édition date de 1965, une grande place est réservée à ce thème "Par le fer et par le feu, la destruction des terres par l’Homme ». L’érosion accélérée par les activités humaines désordonnées et irrespectueuses en est le souci permanent. Ce livre rejoint celui d’André Birre « Un grand problème humain, l’humus », paru à la même époque où l’on découvre, entre autres, les inquiétudes à ce sujet d’un certain Victor Hugo. C’est dire si certaines prises de conscience contemporaines sont tardives et timides...

Dans les années 70, Manex Lanatua a pratiqué le métier de berger en montagne Basque. Un grave accident l’a contraint à cesser cette activité. A l’époque, déjà, il était en complet désaccord avec l’écobuage, cette pratique pastorale de mise à feu de la montagne. Aujourd’hui qu’il est apiculteur, « berger d’abeilles », ce désaccord est encore plus vif. Même si bien d’autres pratiques agricoles mettent de nos jours en péril la survie des abeilles et des insectes en général, (monoculture, mono élevage, fenaison hâtive, réduction des surfaces boisées, pesticides, OGM, etc), il n’hésite pas à déclarer « Nous sommes des sinistrés du feu ». Dans le département, ils sont environ 350 apiculteurs déclarés, ce qui représente à peu près 20 000 ruches dont les abeilles s’activent pour le bien commun. « Cette noble activité, activité de paix par excellence, tente de survivre dans une ambiance de guerre ouverte. Ces feux terribles, nous les regardons avec angoisse détruire des centaines d’hectares de ce que nous pourrions appeler les « pâturages de nos abeilles. ».

Manex a bien voulu répondre à quelques questions:

Manex, que penses-tu de la pratique de l’écobuage ?

Je n’ai jamais mis le feu à la montagne et je ne le mettrai jamais. C’est un acte de mort. Il s’agit de tuer la nature. Or, qu’est-ce que la nature ? C’est vous, c’est moi, c’est l’ensemble des êtres vivants. Brûler la montagne, c’est se mettre à mort soi-même. Tout acte de destruction opéré contre la nature est un acte de destruction opéré contre soi-même. Ces incendies, que je considère comme criminels, sont également des actes suicidaires. Il n’y a que du négatif et du mortifère dans l’acte d’allumer des incendies de montagne.

Certains mettent en avant la notion de « tradition ». Qu’en penses-tu ?

Comme dans beaucoup d’autres domaines, il y a confusion dans la tête des éleveurs. Nombreux sont encore ceux qui pensent que ces incendies volontaires sont une bonne chose. Quant à moi, je suis absolument persuadé que cette pratique de la tradition basque est mauvaise. Ce n’est pas parce qu’une coutume est dans le droit fil de la tradition que cette coutume est bonne. Il y a dans la tradition du peuple basque de bonnes et de mauvaises choses. Les mauvaises sont à laisser de côté. En outre, je ne comprends pas comment quelqu’un peut brûler ce qui le nourrit. Car c’est bien la montagne qui nourrit le bétail qui nourrit ensuite le berger ou le paysan. Incendier la montagne, est-ce une façon de la remercier ? Quelque chose ne tourne plus rond. C’est l’absurdité la plus totale car, avant toute chose, le fondement de la véritable tradition n’est-il pas l’amour et le respect de la terre ? Il y a encore à peine quarante ans, les hommes et les femmes qui nous ont précédés ont pratiqué et entretenu cet amour et ce respect. Cela aussi se cultivait. L’amour de la terre, c’était leur culture. Puis par la divinisation de l’idée de progrès, ne jugeant et ne jaugeant que par lui, l’harmonie a été rompue. Tout n’est plus maintenant que rivalité. La relation homme/nature est elle aussi conflictuelle. Aujourd’hui, vivre en harmonie avec la nature, les animaux, les autres humains, tous les êtres vivants, la plupart des humains s’en foutent. Seul compte leur profit immédiat, c’est -à dire l’argent, divinité suprême de notre époque. Pourtant, comme disaient les indiens " La terre ne nous appartient pas. Nous l’empruntons à nos enfants. " Je suis persuadé que le Pays Basque est pourtant le lieu idéal pour promouvoir une agriculture respectueuse de l’avenir et du vivant.
D’abord et avant toute chose, nous devons tous nous imprégner de cette idée que nous ne sommes pas seuls au monde. Tout acte que chacun pose en montagne a des conséquences pour les autres utilisateurs de cette même montagne. A preuve, par exemple, Monsieur Lacoste, de St Just Ibarre, producteur de porcs, qui a perdu quinze hectares de forêts, sous-bois et landes à cause
d’incendies incontrôlés. " Les dommages causés se répercuteront sur plusieurs années ", déclare-t-il.

Et les conséquences pour les apiculteurs, quelles sont-t-elles ?

Il s’agit d’une véritable catastrophe. Le feu détruit des centaines de variétés de fleurs. Beaucoup ont déjà disparu pour toujours. Peut-être certaines avaient-elles la capacité de guérir des maladies. On ne le saura jamais. Le feu détruit aussi les insectes pollinisateurs. Ainsi des variétés de bourdons de montagne ont déjà disparu. Des variétés d’abeilles sauvages se raréfient. Sans parler des lapins, des lièvres et autres animaux qui meurent carbonisés. Et que dire des " pottok ", des chèvres et des brebis qui ont brûlé dans leurs bergeries ?
Mais revenons à l’apiculture. Il faut savoir que contrairement aux bergers et paysans, les apiculteurs travaillent sans la moindre prime. Lorsqu’un flan de montagne fleuri de bruyères disparaît dans les flammes, l’éleveur d’abeilles devra attendre huit ou dix ans avant de faire une nouvelle récolte. Oui, tout acte individuel a des conséquences pour les autres et pour la nature.

Alors, que faire ?

- D’abord, cesser de penser que la montagne est un tas de m… couverte de cochonneries que le feu " nettoie ". Pour nous, la ronce et la bruyère sont une bénédiction des dieux. Avec ce tas de " saletés ", les abeilles font du miel. Qui peut faire mieux ?
- Au moins pour un certain temps, il faut totalement interdire ces feux destructeurs, laisser le temps à la nature de reprendre force, à l’humus de se reconstituer. Dans ce cadre, il faudra réserver des zones à l’apiculture.
-Il faut promouvoir la machine à débroussailler. Là où elle ne peut aller, il faut laisser faire le travail aux pottok qui ont une excellente dentition ---- En outre, si le système de l’écobuage doit-être pratiqué, je dirais, que vu ses dangers, il faut absolument assurer une véritable formation/information des éleveurs susceptibles de l’utiliser. Il faudrait que les éleveurs se regroupent pour ne pas se laisser déborder par l’incendie. Dans ces cas là, il ne faut pas oublier que ce sont les pompiers qui risquent leur vie.
- Il faut sans doute aussi réunir autour d’une table les différents " utilisateurs " de la montagne
- Enfin, il faut reboiser avec des essences locales ( châtaignier, chêne, hêtre, tilleul, etc ) et aider financièrement ceux qui vraiment ( j’insiste sur le mot vraiment ) travaillent avec la nature et non pas contre elle.

Source : Jenofa Cuisset

Ecobuage : La guerre contre la nature



« Les scientifiques du muséum d’histoire naturelle sont passés ici, et nous n’avons même pas été tenu au courant ». Voilà un peu ce que me répondait un élu à Tardets, il y a quelques années, protestant contre Natura 2000. C’est probablement vrai et sans doute, c’est une chose qu’on peut regretter ? Mais, aujourd’hui, j’aurais envie de lui répondre simplement : Ils ne sont pas venus vous voir, peut-être aussi parce qu’ils savent ne pas avoir grand chose à apprendre de nous, souletins, en ce qui concerne la nature… Oui je pense qu’ici, à force de la nier et de la combattre, on a tout oublié d’elle. On ne sait plus reconnaître les fleurs et les arbustes et si on s’y connaît en champignon et en oiseaux c’est surtout lorsque ceux-ci sont comestibles. Le reste serait une vaste foutraille tout juste bonne à être « nettoyée » (car la nature sauvage, c’est sale). Cette foutraille qui grignote nos prairies, mangent nos poules et nos brebis est tout juste bonne à mettre le feu.
Un exemple frappant pour corroborer mes arguments. Il a quelques jours les écobuages ont été interdits par arrêté préfectoral. Mais comment ont réagis des paysans en Pays Basque et notamment en Soule, qui n’ont, paraît-il, pas de leçons à recevoir ? Et bien ils ont mis le feu alors que la végétation était extrêmement sèche, affaiblie par les fortes gelées de ces dernières semaines, alors même qu’un vent de sud soufflait. Résultat : une quarantaine d’hectares de végétaux ravagée sur les hauteurs de Haux et une trentaine d’hectares sur les hauteurs de Larrau obligeant les interventions des pompiers de Tardets pour protéger les habitations. Plusieurs hectares sont partis en fumée sur le Mondarrain, le Baigura, sur le Col d'Izpegi, les communes d'Hasparren et d'Anhaux. La liste n’est pas exhaustive en Pays-Basque. Et je ne parle pas des dégâts prés d’Oloron, Lasseube et en vallée d’Aspe où plus d’une centaine d’hectares a été touchée.
Qu’on ne se préoccupe pas des arrêtés préfectoraux, c’est une chose. Qu’on n’écoute pas les prévisions météorologiques, c’en est une autre. Mais quand on ne sait plus grand-chose au sujet de la nature, on devrait prendre la précaution de garder ses allumettes dans sa poche. Et ensuite réfléchir au concept de tradition qui est une grosse connerie quand il est cajolé comme le chienchien à sa mèmère.
Je suis de ceux qui plaident, avec mes ami(e)s d’Astobelarra, pour que nous cessions cette guerre inutile et d’un autre temps à cette nature sur laquelle nous n’avons aucun droit mais uniquement des devoirs. Cette guerre du feu qui n’a plus aucun sens aujourd’hui est devenue anachronique.
A l’heure où j’écris ces lignes, le mercredi 24 mars 2010, du promontoire de mon domicile qui domine la vallée, j’aperçois encore des feux ! Inconscience, ignorance , bêtise ? Je laisse le lecteur seul juge.

vendredi 26 mars 2010

Réécoutez les anciennes émissions!

Vous les avez redemandées (ou pas), les voici les voilà : réécoutez (ou téléchargez) les émissions passées de Blogabloga!
Merci à Xan pour les copies ;-)

La première émission, du 3 novembre 2009!



La seconde émission, du 1 décembre 2009!
Spéciale Noël!



La troisième émission, du 5 janvier 2010!
Spéciale bonne et mauvaise bouffe, avec Thomas Erguy!



La quatrième émission, du 2 février 2010!
Spéciale Eros et Thanatos, avec Mathieu Larregain!



La cinquième émission, du 2 mars 2010!
Spéciale école de nos rêves, avec Marie Fleury et Raphaëlle Foirien!



La septième émission, du 4 mai 2010
avec comme invité Alain Borda, spécialiste es-pommes en Soule!



La huitième émission, du premier juin 2010!
La dernière avant l'été, avec Jolan Ayerdi-Caudine (5 ans) comme invité!

samedi 6 mars 2010

L’école dont nous rêvons

Si comme nous,

- tu es insatisfait du système d’enseignement et plus généralement de la société actuelle,
- tu souhaites provoquer des changements profonds dans l’enseignement et la société,
- au-delà de l’individualisme et de la résignation, tu veux collectivement réfléchir au possible et le mettre en pratique,
- tu penses que les rêves d’aujourd’hui sont les réalités de demain,
- il te semble qu’aussi importante que la question « Quel monde laisserons nous à nos enfants ? » est la question « Quels enfants laisserons nous au monde ? »,
- il te paraît évident qu’il faut davantage de musique dans les cœurs pour faire danser la vie,
- tu acceptes celui qui parle aux oiseaux, à la rivière, aux arbres de la forêt, aux étoiles du ciel et au vent,

bienvenue !

Entre une douzaine d'amis, nous sommes en train de réfléchir au contenu de l’école dont nous rêvons.
C’est une réflexion libre, non limitée par les contraintes économiques ou légales.
Une réflexion libre qui n’a pas peur de secouer les idées conformistes.
Une réflexion agréable qui nous rassemble autour de quelques mets et boissons délicieux.

Le texte qui suit rassemble en vrac les réflexions que nous avons eues à ce jour.
Au cours des prochains mois, nous allons réfléchir de manière plus approfondie à ce que l’on peut apprendre dans cette école et avec quelle pédagogie, en commençant par les enfants en plus bas âge.

Nous organisons une soirée de réflexion sur la pédagogie Rudolf Steiner le 19 mars 2010.

Après avoir précisé comment est cette école, nous étudierons ce qui est réalisable pour avancer vers notre rêve en partant de la réalité actuelle.

Si tu veux rêver avec nous, bienvenue !

Merci de faire part de cette réflexion à toute personne susceptible d'être intéressée.

Pour entrer en contact avec nous clique ici

mercredi 3 mars 2010

Erakaskuntzaz amets bat egin düt...

I had a dream... about education!
Erakaskuntzaz amets bat egin düt...

Testo llabür honen bidez, hebentik 20urteren bürüan Xiberoan zer nolako irakaskuntza sistema izaten ahal lizatekean nahi izan düt asmatü… Ez düzü baitezpada amesten dütana bena haboro egünko errealitateari lotürik ikusten dütana.

Xiberoan gira, 2030ko martxoaren 2an. Santa-Grazi-tik Ozeraine artino hedatzen den Xiberoako lürralde berezian 20 000 bizizale kontatzen da.

Haurrak oro ber eskoletan ebilten dira. Ikastola eta eskola pribatüak desagertü beit dira. Hamar herri-eskola batzen da Xibero osoan lehen mailarentako. Bi 2. maila edo kolejio bada, bat atarratzen eta bestea Maulen. Lizeo bat baizik ez da, Sohütan, non goi-mailako estudioak ere jarraikitzen ahal diren « bekanika » eta « laborantxa » sailetan bereziki. Eskola güziak püblikoak dira eta Xiberoko Lürralde Autonomoak dütü joanarazten!

Erakaskuntza osoa xiberotarrez egiten da lehen mailan. Kolejioan eta lizeoan aldiz, gazteer haütüa emanik da: edo osoki eüskaraz jarraikitzea edo erdiz erdi aritzez. 2030. urte hortan, erraiten ahal da haurren erdia imersione sisteman dela. Beste haurren kopürüak aldiz bere ikasketak erdi frantsesez eta erdi eüskaraz jarraikitzen dütü, sistema elebidün batetan.

Haur güziek xiberotarra menperatze dire eta eüskara eskolatik kanporo ere erabilten ahal düe, bai bakantza denboran eta bai kirol talde edo aktibitate desbardinetan.

Kurso teorikoak goizan baizik segürtatzen dira. Arrestirez, bisitak, eztabadak, aktibitate artistikoak, kirolak, deskubritze lanak eta lan pratktikoak egiten ahal dira. Manera hortzaz, haurraren garapen osoa segürtatzen da.

Bidaje hanitx ere antolatzen da, aüzo diren erresümetan hanitxetan. Negü Efekto edo Beroketa Gasak konpentsatzen dira betik, haurrak edo gazteak ükeiten ahal lükean « üngürameneko hexa-ren » egin ahala apalaraztez.

Goizanko kurtsoak talde ttipietan antolatürik dira, non eta adin desbardinetako haurrak jüntatzen diren. Erakasleak egün oroz kanbiatzen ahal dira.

Düala güti, eskola bakotxetan baratze bat eta etxalte bat xütik ezarrik izan dira. Xiberoako Lürralde Autonomoak sortü enplegüen bidez, laborari gazte eta baratzezain elibat plantatü dira eskola bakotxak dütüan lür horietan. Han berean hazten diren kabaleak eta edireiten direnak oro eskoletan edireiten edo jaten dira. Haurrek eta gazteek prefosta, laborantxa edo baratze lanetan partehartzen düe, bakotxa bere heinean eta bakotxa bere projet pedagogikoaren araberan...

2030. urte hontan eskola, biziaren irakaskuntza günea bilakatü da düdarik gabe!
Bena amets bat baizik ez da... Amets bat baizik?!? Eta ametsa, egia bilhakarazten bagünü?!?

Allande Errezarret, 2010ko martxoaren

mardi 2 mars 2010

De l'éducation

"Voyez-vous, vous vivez dans une des plus belles vallées que j'aie jamais vue. Il s'y attache une atmosphère particulière. Avez-vous remarqué, surtout au crépuscule et aussi au point du jour, une certaine qualité de silence qui pénètre, qui imprègne toute la vallée ? je crois qu'il y a autour de nous des collines parmi les plus anciennes du monde et l'homme ne les a pas encore abîmées. Partout où l'on va, dans les villes et ailleurs, l'homme détruit la nature, abat les arbres pour construire de plus ne plus de maisons, polluant l'air avec ses automobiles et ses industries ; il détruit les animaux - comme le tigre qui a presque disparu. Il détruit tout parce qu'il naît de plus en plus d'enfants et qu'ils ont besoin de plus en plus d'espace. L'homme répand graduellement la destruction dans le monde entier. Quand on arrive dans une vallée comme celle-ci - où la population est peu nombreuse, où la nature n'est pas profanée, où règnent le silence, le calme, la beauté - on en est tout étonné. Chaque fois que l'on vient ici, on ressent l'étrange particularité de cette terre, mais il est probable que vous vous y êtes habitués. Vous ne contemplez plus les collines, vous n'écoutez plus les oiseaux, vous n'entendez plus le vent dans les feuilles. petit à petit, vous êtes devenus indifférents.

L'éducation ne consiste pas à apprendre dans des livres, à confier certains faits à la mémoire, mais à apprendre comment regarder, comment écouter toutes ces choses que racontent les livres, que ce qu'ils racontent soit vrai ou faux. Tout cela fait partie de l'éducation. Elle ne consiste pas simplement à passer des examens, à obtenir un diplôme et une situation, à se marier et à s'installer, mais encore à savoir comment écouter les oiseaux, comment voir le ciel, l'étonnante beauté d'un arbre, le dessin des collines, comment les sentir, comment être vraiment en contact avec toutes ces choses. Tandis que vous allez vieillir, ce sentiment d'écouter, de regarder, disparaîtra malheureusement, parce que vous aurez des soucis, parce qu'il vous faudra plus d'argent, une belle automobile, plus ou moins d'enfants. On devient jaloux, ambitieux, avide, envieux ; et ainsi on perd ce sentiment de la beauté de la Terre.

Une éducation véritable, cela veut dire qu'un esprit humain, le vôtre, ne doit pas seulement être capable d'exceller en mathématiques, en géographie ou en histoire, mais de bien plus : que jamais, en aucune circonstance, il ne se laisse absorber par le courant de la société. Parce que ce fleuve que nous appelons la vie est très corrompu, immoral, violent, avide, et ce fleuve, c'est notre culture. La question est donc de savoir comment mettre en oeuvre une éducation juste, permettant à l'esprit de résister à toutes les tentations, toutes les influences, toute la bestialité de cette civilisation. Nous en sommes venus à un point de l'histoire où il nous faut créer une nouvelle culture, un genre d'existence totalement différent, qui ne soit pas basé sur la consommation et l'industrialisation, une culture fondée sur l'essence réelle de la religion."

Krishnamurti (1895-1986)

Extrait du livre "Réponses sur l'éducation" de Jiddu Krishnamurti éditions Pocket Spiritualité

http://www.krishnamurti-france.org/
http://www.jiddu-krishnamurti.net/fr

Vos désirs sont désordre

Petit gredin, petit vaurien ! Tes désirs sont désordre.
Pour la société, aimer la liberté, la vie, chercher à embrasser son désir à pleine bouche, lui rouler des pelles, ça s’appelle forcément le désordre, la subversion. Alors ! Soyez désordre, vie, liberté et subversion.
Aux enfants qui nous écoutent. Montez sur les tables comme le prof dans le cercle des poètes disparus. Et de là-haut regardez comme il fait bon, comme c’est beau, et comme c’est différent tout à coup. On voit le pic d’Orhy, on aperçoit l’étoile du berger la nuit, une lueur, un vieillard, un chêne qui à tracé ses branches depuis des lustres autour de cet espace inconnu où l’on voit en général tout ce que nous ne voulons pas voir, parce que nous avons peur de nous même. On peut aussi monter sur une téloche. Même branchée pendant qu’elle jacte, on s’en fout. L’important, c’est être debout sur quelque chose de dur, de froid et d’immobile. Là on est bien. Aux enfants qui nous écoutent. N’obéissez jamais. Le mot obéir n’a aucun sens. De deux choses l’une. L’autre c’est le soleil. Soit tu fais quelque chose qui te plait alors tu n’obéis pas, tu écoutes ton cœur, ton désir, la vie dedans toi. Pour savoir ça les enfants n’ont pas besoin de méditation ni de fermer les yeux. Les enfants sont désir et puissance d’exister en entier de la plante des pieds au bout des cheveux. Le cœur et le corps des enfants sont inaliénables c’est eux les maîtres. Adultes, enseignants, parents, à genou. Souriez à dieu il est là. Faites pénitence pardonnez à ceux qui nous ont offensé. Notre Père, qui êtes aux cieux reste-z-y. Et nous nous resterons sur la terre Qui est quelquefois si jolie.
Donc de deux choses soleil, l’autre c’est la lune : soit tu fais ce que tu comprends, alors tu n’obéis pas, tu t’obéis à toi au final. Et si les adultes dans ce final pensent que tu leur obéis, tant mieux. Petits, soyez patient avec les adultes, soyez indulgent avec leur rudesse légendaire de trouillards. Laissez les se berner un temps. Ils ont du mal à devenir eux-mêmes, ils mettent un masque et ne savent plus à qui ils parlent. Soyez indulgent, faites le tri dans leurs embrouillaminis, faites votre marché et n’oubliez pas que oui et non ont un sens comme ombre et lumière, yin et yang.
Aux enfants qui nous écoutent. Si on vous dit quelque chose que votre cœur ou votre corps ne comprend pas, refusez. Surtout ne pas obéir. A ce moment-là est venu le temps de la révolte. Ne vous laissez pas influencer par les discours lénifiants des adultes, mordez, crachez, vitupérez, montez sur la table ou autre objet dur, froid et immobile. Vos désirs sont désordre.
Prenez le mot obéir, tendez-le au dessus de la foule, sans l’humilier et criez bien à la cantonade que ce mot n’est là que pour le regarder avec bienveillance comme on regarde une antiquité délicatement posée dans les lignes d’un vieux dictionnaire de 1932. Un poète le retrouvera dans 10000 ans et lui donnera une nouvelle signification. Attention ce mot s’autodétruira dans 20 secondes.
Je suis un échec scolaire. C’est mon étoile jaune, mon stigmate, ma plaie, mon eczéma. Depuis je me gratte, ça me gratte. Je suis « échec scolaire » comme on est PD, homotextuel comme dirait mon copain Nicolas, écolo-pink-floyd, poète, gitan, Bicot, negro, youpin, ours dans les Pyrénées, indien en Amérique, républicain en Espagne, basque au Pays-Basque, au mauvais moment, au mauvais endroit et ça me gratte où je suis moi. Coupable d’être moi.
C’est lui, l’échec scolaire. Il doit se remettre en question. Il doit plier et renoncer à son désir d’être lui-même et de boire à la source de la liberté et de grandir au pied de la fontaine magique de la vie.
L’école, fichée au cou de la société. Celle là même, pliée au pied de la nécronomie libérale, glissant le long des autoroutes de la pensée et du bitume, finissant en cavale dans les petites boîtes que chantaient Graeme Allwright. Il convient d’accroitre sa compétitivité. Tu pèses combien de notes, tu as combien de kilos de connaissances dans ta caboche, petit gredin, petit vaurien.
En maternelle, déjà, on apprend aux enfants ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qu’ils doivent aimer, suivre un programme taillé aux quatre côtés et puis corriger les désirs sauvages qui vont dans tous les sens que diable ! Tu vas me ranger ce désir, petit gredin, petit vaurien.
En maternelle, déjà les adultes montés sur leur estrade, courroucés de certitudes lancent des ordres, petits soldats cachés derrière leurs créneaux. Tiens un boulet dans la gueule, tiens de l’huile bouillante. Tiens une flèche dans le cœur de ce désir mutin !
Aux enfants qui nous écoutent. N’obéissez jamais ! Soyez désordre.
J’en appelle aux artistes, j’en appelle aux poètes, j’en appelle à la nature, aux ours et aux loups, aux sauvages qui ensemencent la plaine, aux nuisibles qui ne répondent pas au questionnaire de l’éducation nationale.

« Les adultes résistent. Ils ont peur, peur de la vie qui est imprévisible. Ils pensent que tout doit être "programmé". Justement je crois que cet immobilisme vient de ce que l'humanité enfantine apporte la certitude de la mort pour les adultes, encore que ceux-ci peuvent refuser la mort en faisant confiance et en s'identifiant à cette vie qui monte. Au lieu de tout miser sur cette pépinière qui assure leur survie sur terre, ils l'empêchent de croître, sous prétexte que si on veut continuer à vivre comme nous vivons, on ne peut pas laisser les plus jeunes libres d'imaginer, libres de leurs initiatives."
Françoise Dolto - La cause des enfants.

L’école de demain ?

Et l’école de demain, ce sera quoi ? D’abord, il n’y aura plus de salle de classe pour centraliser les cours. Ça coûte trop cher à entretenir et à chauffer ; et tous ces profs à payer, franchement, l’état français aura d’autres façons bien plus lucratives de placer son argent !
Et puisqu’il n’y aura plus de profs, finis les syndicats et les grèves ! Tout le monde sera heureux dans le meilleur des mondes !
L’apprentissage scolaire dorénavant, ce sera à la maison. Comme ça, plus de risque d’agression ou de racket intempestif ! Chaque gamin aura son ordinateur personnel à réalité augmentée, qui projettera à 380° sur les murs de sa chambre les leçons interactives du programme prévu par le ministère de l’Éducation Nationale, diffusé via Internet et chapeauté par une intelligence artificielle. On sera dans l’immersion la plus totale. Rien de tel pour inculquer les connaissances de base à notre progéniture, née avec un joystick dans la main !

Non, je rigole… Enfin j’espère ;-)



(Cette petite vidéo en anglais, pour un aperçu de ce que pourrait bien devenir le monde dans quelques années... C'est magique, et ça fait peur!)

Sachez que le futur est pourtant déjà en marche. Par exemple, le e-learning (traduisez l’apprentissage via Internet) est très en vogue en ce moment, et que les agences web rivalisent d’ingéniosité pour créer de nouvelles formules éducatives.
Désormais, on peut aller à l’université sur Second Life (ou autres mondes virtuels), et pas uniquement pour s’amuser! L’école SL, dont le but est d’apprendre aux nouveaux résidents les bases de la seconde vie, depuis la politesse entre avatars jusqu’à la construction d’œuvres d’art en 3D est l’une des premières expériences immersive du genre, menée bénévolement (en plus).
Rafale Kamachi, que j’ai rencontrée in world, et qui était à l’époque « enseignante » à l’école SL m’expliquait ceci : « Beaucoup de gens ont des problèmes de sociabilisation et d’intégration dans la vraie vie. Sur SL, ils peuvent retrouver un univers qu’ils ont construit, et ça leur permet de retrouver aussi une certaine estime d’eux-mêmes, de s’y affirmer ou de se découvrir des talents qu’ils ne soupçonnaient pas, de mieux gérer leurs difficultés sociales, voire de se réconcilier avec leur vraie vie. »

Pour les universités et les entreprises, qui créent leurs centres de formation en mondes virtuels, l’aspect social tient bien sûr son rôle (encore que ce ne soit pas vraiment le même, puisque là, il s’agit surtout de créer du lien entre les étudiants ou les salariés). Mais le principal atout que font miroiter les prestataires de ces solutions, c’est surtout l’économie de déplacements (des formateurs ou des « élèves », qui peuvent ainsi apprendre depuis chez eux, ou leur bureau habituel), et donc par corollaire, la réduction significative de leur bilan carbone.

Green Washing vous avez dit ? Pas vraiment…

Prenez des grosses boites comme Téléperformance, par exemple. 85 000 emplois à travers le monde… Envoyez-les tous se faire former dans un centre de formation à Paris (au hasard), et calculez la dépense en kérosène brûlé dans l’atmosphère, comparez avec la dépense énergétique pour 7 heures de fonctionnement d’un serveur de chez Linden Lab, et vous aurez vite compris ce qui est le plus rentable pour l’entreprise, et le moins polluant pour la planète…

CQFD !

Qu’on ferme ce moule (à gaufres) !

Il y a quelques années, j’étais invité au départ d’un ami professeur, qui avait demandé sa mutation du lycée où il exerçait depuis quelques temps. Comme de bien entendu, 80% des invités étaient membres de l’éducation nationale, et 90% des discussions ont tourné autour de l’enseignement, si bien que j’ai passé un moment à jouer avec les gamins, qui eux, étaient visiblement bien loin de l’école !
De temps en temps, j’allais picorer quelques poignées de cacahouètes, que j’accompagnais d’une bonne rasade de whisky-coca. Je constatais quasiment à chaque fois que les conversations des adultes tournaient toujours plus ou moins autour du même sujet. A un moment donné, j’ai surpris le discours terrible d’une prof de français, qui disait à peu de choses près que « le travail des enseignants était de mettre les enfants de gré ou de force dans le moule sociétal pour qu’ils puissent espérer trouver un travail un jour » !

J’ai failli en vomir mes cacahouètes ! Et puis je me suis rappelé ma propre scolarité, les « médiocre » auxquels j’étais abonné chaque trimestre, l’inutilité de certaines matières qu’on essayait vainement de m’inculquer de force, comme les mathématiques (entre nous, qui a besoin de faire des fonctions dans sa vie de tous les jours ? Et qui utilise les identités remarquables dans le cadre de son travail, à part une certaine élite ?), comme le latin (qui ne sert qu’à « briller » en société, un peu comme la culture religieuse) ou encore comme les sports collectifs (dont le but n’est certes pas d’apprendre à travailler en équipe, mais bien de briser les individus, leur originalité et leur créativité). Je me rappelle que j’avais gentiment donné mon avis :

L’école aujourd’hui (et je soupçonne que c’est comme ça depuis le début), ce n’est pas un apprentissage naturel des choses utiles qu’on doit savoir pour mieux appréhender la vie, c’est une école du prêt à penser, un parcours du combattant fait de compétitions et de concours éliminatoires, de frustrations, de jalousies, d’abus d’autorité, d’affrontements stériles, d’encouragement au mépris des « moins doués » (scolairement parlant), par opposition aux grosses têtes académiques qu’on pousse jusqu’à bac plus X, et qui se retrouvent quand même au chômage au bout du compte, ou à osciller de job pourri en job pénible, en tout cas bien en deçà de leurs aspirations, ou de ce qu’on leur avait fait miroiter pendant leurs années dorées passées à frotter les bancs des salles de classe avec leur fondement !
Soyons lucides : nos enfants passent plus de temps à l’école qu’avec nous, leurs parents ! Aussi, ne nous étonnons pas si leur personnalité ne s’épanouit pas autant qu’ils (et qu’on) le voudrai(t)ent.

Le film « The Wall », de Pink Floyd date des années 80 (de juillet 82, précisément), et décrit parfaitement cette école carcan, broyeuse d’intelligence, et machine à formater de bons petits citoyens (ou soldats ?) propres et bien élevés, qui obéissent au doigt et à l’œil aux directives des puissants, aux lois du plus fort ou de l’offre et de la demande, ainsi qu’aux incessantes publicités télévisuelles sans se poser de questions existentielles. Cette même école qui n’a pas évolué d’un iota en 30 ans (allez, je veux bien admettre qu’il y a un léger mieux en ce qui concerne les châtiments corporels), et qui est encore -et toujours- incapable de se remettre en question (vu qu’elle est tenue d’une main de fer par un gouvernement d’indigents esclavagistes), et de toute façon incapable de se mettre à la portée de tous.


Another Brick In The Wall - Pink Floyd

Vous voulez que je vous dise ? La révolution citoyenne passera d’abord par l’école, ou ne passera jamais !

lundi 1 mars 2010

Bloga-bloga emankizüna bantailaren 2an 20:00 tan

Xiberoko Botzako Bloga-bloga emankizün berria ez hüts egin

Berezi bat hezkuntzaz, eskolaz eta pedagogiaz Raphaelle Foirien eta Marie Fleury kümitüekin eta hauekin aipatüko dügü ere Seaskarekin lotüra dian talde bat "gure ametsetako eskola" gogozkatzeko

Eta gero kronika eta mintzaldi desbardin Lurbeltz, Etienne eta Allande animazaleekin

Bloga-bloga emankizüna bantailaren 2an 20:00 tan

***

Ne manquez pas la nouvelle émission Bloga-bloga sur l'antenne de Xiboroko Botza
Un spécial éducation, école et pédagogie avec comme invité Raphaelle Foirien et Marie Fleury qui parleront d'un groupe en lien avec Seaska qui réfléchit à une "école de nos rêves."

Et puis les chroniques et interventions diverses des trois animateurs, Lurbeltz, Allande et Etienne.

"BLOGA BLOGA" émission du mardi 2 février 2010 à 20h