mercredi 2 février 2011

Dersou Ouzala

Je viens de lire un livre qui m’a été conseillé par un copain naturaliste, Stephan Carbonnaux. C’est d’ailleurs à lui que je l’ai acheté, sur son stand, durant le salon Asphodèle à Pau. Eric Pétetin qui était à mes côtés m’a dit que lui-même l’avait lu et qu’il l’avait trouvé formidable, ce qui a fini de me convaincre (Eh oui, je suis de ceux qui peuvent être convaincu par Eric Pétetin). Sur la table de Stephan, il y avait ses livres à lui (puisqu’il en a écrit de nombreux que je vous invite expressément à découvrir) mais aussi des livres écrits par d’autres dont il conseillait la lecture. Et comme je suis friand de conseils de lecture (notamment venant de quelqu’un que j’apprécie particulièrement) je lui ai acheté ce bouquin dont je vais vous parler maintenant, « Dersou Ouzala » de Vladimir Arseniev (j’ai lu un extrait de ce livre le mois dernier dans cette même émission).

Dersou Ouzala est un chasseur Gold qui vit en Sibérie dans la taïga de l’Oussouri. Ce personnage va rencontrer Vladimir Arseniev qui est l’auteur du roman en personne. En fait, ce n’est pas un roman mais un récit, puisque l’auteur raconte une histoire vraie. Il a réellement rencontré le personnage de Dersou.
Le livre raconte l’exploration d’Arseniev, dans ce pays où la nature est particulière riche et sauvage. C’est écrit magnifiquement, comme un roman. Ce qui fait que ce livre a l’avantage d’être un livre scientifique, ethnographique et en même temps, une histoire qu’on se plait à lire pour le plaisir de suivre les péripéties des personnages. Ce qui m’a aussi plu dans ce livre c’est la réflexion philosophique qui en découle, c’est-à-dire, notre place dans la nature.

Dersou, est un indigène, il connaît la nature et sait la lire d’une prodigieuse façon. Il est en connexion directe et intime avec elle car il vie en elle. Il n’y a pas d’amour de la terre au sens que moi je lui donne (vous me verriez enlacer un arbre et lui dire que je l’aime, vous comprendriez ce que je veux dire). Par ailleurs, je suis incapable de tuer une poule, un quelconque animal et quand je tue une mouche je m’excuse auprès de la mouche. Cependant, je trouve que c’est confortable d’aimer la nature de cette façon car il n’y a plus besoin de la « craindre ». Dersou lui, craint la nature mais la respecte profondément. Il est intimement lié à elle et il sait qu’il dépend d’elle directement, par son propre effort de vie et son propre réflexe de survie. A la fin, la vieillesse arrive pour Dersou et c’est là que l’auteur va réellement expliquer jusqu’où et comment Dersou Ouzala est lié à tout ce qui l’entoure.
Il n’y a pas d’amour de la terre non plus au sens que nos chasseurs d’ici lui donnent, car eux, comme moi, sommes complètement immergés dans la vie moderne. Nos chasseurs ont besoin de temps en temps de tirer pour se défouler et soigner leurs névroses ou je ne sais quoi ; rien à voir avec le chasseur Dersou qui n’est pas malade. Je pense que nous sommes malade enfermés que nous sommes à l’intérieur d’une société dont la propension la plus nette tend à séparer plutôt qu’à relier.

Dans le livre, il y a beaucoup d’animaux. Des loups, des tigres, des ours, des sangliers… La forêt elle-même est décrite comme impénétrable, un véritable enchevêtrement, sans compter les éléments météorologiques qui s’en donnent à cœur joie et qui semblent faire de ce pays un endroit particulièrement rude. Je me demande ce que devient aujourd’hui cet endroit, d’un point de vue écologique. Car la fin du roman indique que de profonds changements ont eu lieu. L’auteur raconte qu’il est retourné deux ans après sur la tombe de Dersou mais les lieux n’étaient plus reconnaissables : « une colonie entière s’était créée près de la gare, on avait commencé à exploiter des carrières de granit …/… à abattre la forêt et à fabriquer des traverses pour la voie ferrée…"

Il y a eu un film, réalisé par Akira Kurosawa tiré du livre et il paraît qu’il était excellent. C’est assez rare pour le souligner. Il y a consensus sur ce point apparemment. D’ailleurs, quand on cherche « Dersou Ouzala » sur Google très peu de liens informent que c’est avant tout un roman et parlent plutôt du film. J’ai vu quelques extraits sur internet qui effectivement semblent de très bonne augure.



A propos de Stephan, à noter son nouveau site lié à ses nouvelles activités
http://www.artzamendi.fr

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