mardi 2 mars 2010

Qu’on ferme ce moule (à gaufres) !

Il y a quelques années, j’étais invité au départ d’un ami professeur, qui avait demandé sa mutation du lycée où il exerçait depuis quelques temps. Comme de bien entendu, 80% des invités étaient membres de l’éducation nationale, et 90% des discussions ont tourné autour de l’enseignement, si bien que j’ai passé un moment à jouer avec les gamins, qui eux, étaient visiblement bien loin de l’école !
De temps en temps, j’allais picorer quelques poignées de cacahouètes, que j’accompagnais d’une bonne rasade de whisky-coca. Je constatais quasiment à chaque fois que les conversations des adultes tournaient toujours plus ou moins autour du même sujet. A un moment donné, j’ai surpris le discours terrible d’une prof de français, qui disait à peu de choses près que « le travail des enseignants était de mettre les enfants de gré ou de force dans le moule sociétal pour qu’ils puissent espérer trouver un travail un jour » !

J’ai failli en vomir mes cacahouètes ! Et puis je me suis rappelé ma propre scolarité, les « médiocre » auxquels j’étais abonné chaque trimestre, l’inutilité de certaines matières qu’on essayait vainement de m’inculquer de force, comme les mathématiques (entre nous, qui a besoin de faire des fonctions dans sa vie de tous les jours ? Et qui utilise les identités remarquables dans le cadre de son travail, à part une certaine élite ?), comme le latin (qui ne sert qu’à « briller » en société, un peu comme la culture religieuse) ou encore comme les sports collectifs (dont le but n’est certes pas d’apprendre à travailler en équipe, mais bien de briser les individus, leur originalité et leur créativité). Je me rappelle que j’avais gentiment donné mon avis :

L’école aujourd’hui (et je soupçonne que c’est comme ça depuis le début), ce n’est pas un apprentissage naturel des choses utiles qu’on doit savoir pour mieux appréhender la vie, c’est une école du prêt à penser, un parcours du combattant fait de compétitions et de concours éliminatoires, de frustrations, de jalousies, d’abus d’autorité, d’affrontements stériles, d’encouragement au mépris des « moins doués » (scolairement parlant), par opposition aux grosses têtes académiques qu’on pousse jusqu’à bac plus X, et qui se retrouvent quand même au chômage au bout du compte, ou à osciller de job pourri en job pénible, en tout cas bien en deçà de leurs aspirations, ou de ce qu’on leur avait fait miroiter pendant leurs années dorées passées à frotter les bancs des salles de classe avec leur fondement !
Soyons lucides : nos enfants passent plus de temps à l’école qu’avec nous, leurs parents ! Aussi, ne nous étonnons pas si leur personnalité ne s’épanouit pas autant qu’ils (et qu’on) le voudrai(t)ent.

Le film « The Wall », de Pink Floyd date des années 80 (de juillet 82, précisément), et décrit parfaitement cette école carcan, broyeuse d’intelligence, et machine à formater de bons petits citoyens (ou soldats ?) propres et bien élevés, qui obéissent au doigt et à l’œil aux directives des puissants, aux lois du plus fort ou de l’offre et de la demande, ainsi qu’aux incessantes publicités télévisuelles sans se poser de questions existentielles. Cette même école qui n’a pas évolué d’un iota en 30 ans (allez, je veux bien admettre qu’il y a un léger mieux en ce qui concerne les châtiments corporels), et qui est encore -et toujours- incapable de se remettre en question (vu qu’elle est tenue d’une main de fer par un gouvernement d’indigents esclavagistes), et de toute façon incapable de se mettre à la portée de tous.


Another Brick In The Wall - Pink Floyd

Vous voulez que je vous dise ? La révolution citoyenne passera d’abord par l’école, ou ne passera jamais !

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