mercredi 6 janvier 2010

La chronique de Thomas Erguy

Un peu tarte à la crème bio ce que je vais raconter, mais cela fait toujours du bien de partager nos ressentis ou nos analyses. Le mieux étant autour d'une bonne bière bio fermière ici en bas à Zinka: souhaitons-nous cela pour 2010 !
La bio, on en parle, tous les jours, à l'écrit, à la TV, à la radio. Nous recevons tout plein d'informations, les plus diverses, nous sommes au courant, nous savons, presque 90% de la population connaît (baromètre Agence Bio). Elle est magique, cette société de la communication, de l'échange, du forum, du « chat »... Quand nous intervenons dans les classes des lycées agricoles en Euskal Herri, j'ai toujours l'habitude de poser la question, face à cette hypermédiatisation, de ce que cela représente en nombre de paysannes et paysans engagés en bio. A chaque fois c'est bien sûr surestimé, en lien avec cette hypertrophie médiatique, à laquelle je contribue parfois d'ailleurs. Ce serait marrant de faire le même sondage auprès des auditeurs de Xiberoko Botza.
Et puis, quand on creuse, derrière le vernis des reportages, des analyses, on sent poindre un malaise, comme celui que l'on a souvent toutes et tous quand un reportage aborde un sujet que l'on connaît très bien, ou disons mieux que la moyenne, ou parce qu'il nous touche personnellement: même quand cela va dans notre sens, on le sent, c'est grossier, c'est raccourci, c'est du slogan, de la méthode Coué, parfois de la déformation ou même de la désinformation. Les journaleux n'ont plus de temps ou de moyens, les chargés de « com » pilotent et organisent l'info...
Il faut prendre une grande respiration, sortir des chiffres, illusion de la rigueur, prendre du recul face à notre fascination pour le technique ou la technologie, que l'on prend souvent pour de la science, décrypter la source...
Et rester dans la relation humaine et ce qui donne du sens.
Pour la bio, par exemple, quels sont les fondamentaux ?
D'abord, la bio, c'est l'agriculture biologique, un mode d'agronomie et d'élevage. C'est l'agriculture, la base, la manière de produire, d'être en relation et et comprendre le vivant. Mathieu Calame dit: il n'y a d'agronomie que biologique. On en est déjà loin :un édito de Agrapresse résumait très bien la position qui vient déformer cela: « la bio n'est plus une niche, c'est un marché ». Tout est dit ici: on est loin de la pédologie, de la prévention en santé animale ou du maintien du potentiel de fertilité d'un sol ou d'un agrosystème ou de la biodiversité. Tout est alors possible: du marketing outrancier (pléonasme ?), de la com massive, de l'assouplissement de réglementations qui régit le label bio, du développement de l'import-export, de l'intégration indutrielle des paysans. Bref, pour revenir au thème de ce soir, retour à la case départ, à la malbouffe, à l'industrie de l'alimentation et du vivant...
Non, non et non. L'innovation, l'avenir, il est ici, comme dans tous les « ici » de la Terre, dans une agriculture, un jardin, une cuisine, un magasin qui s'engage dans son vrai métier, dans ce qui fait son sens:
l'agriculteur(trice) est agronome, berger, sélectionneur de semences, transformateur, vétérinaire, etc.
le cuisto essaie des recettes, épluche des légumes frais, valorise les bas-morceaux, il est aussi diététicien, ingénieur qualité...
le commerçant connaît ce qu'il vend, sa qualité, il est ingénieur de production, qualiticien, directeur de l'institut de sondage de ses clients...
Arrêtons de séparer, de tayloriser, de spécialiser des métiers ou des territoires, d'intégrer : le mode de développement plus global que nous proposons apporte tout autant de valeur ajoutée, d'emplois... et de qualité de ce que l'on bouffe..

Et pour bien commencer, trois idées simples à appliquer dès demain:
− au supermarché, pour payer de l'apéritif sans alcool, un fromage sans matière grasse et du chocolat sans sucre, utilisons un chèque sans provision.
− Puisque cela nous est enfin proposé, exigeons du pain aux céréales, du lait qui contient en calcium, de l'huile d'olive riche en oméga 3, des oeufs pondus à la date du jour de ponte, du vin issu de raisin, 5 fruits et légumes par jour, du chocolat au chocolat...
− Préférons le vin d'ici à l'eau de là
A la jinkua...

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