mercredi 3 novembre 2010

Les livres sont vivants

Je ne sais pas si je l’ai déjà dit, mais les livres, chez moi, c’est plus que des livres. C’est une rencontre. Bien sur vous me direz, un livre ce n’est pas un être vivant et on ne rencontre pas un livre. On ne rencontre que des humains, n’en déplaise à Leo Ferré qui disait « on couche toujours avec des morts » après avoir découvert que sa femme avait tiré un coup de fusil dans la tête de ses deux chimpanzés femelles. Un livre ne tire de coups de fusil qu’entre 2 pages ; Tu frissonnes. Un homme tire un coup de fusil entre 2 yeux… Tu es mort !
Si je n’avais pas vécu une certaine expérience, j’aurais dit comme vous. Le livre c’est du papier, de la colle, de l’encre, des mots dedans ordonnés d’une certaine manière.
Dans les années 80 j’étais à Font Romeu dans un centre spécial pour enfants asthmatique.
J’ai retrouvé il y a quelques semaines, une carte postale que j’avais envoyée à mes parents de là-bas. Sur la carte je les embrassais et à la fin, j’ai relevé cette phrase… J’écrivais : « S’il vous plait, envoyez moi des livres. » En d’autres termes, « des livres, je me meurs ». Des livres pour une délivrance. Des livres pour l’ivresse, des livres car je ne veux plus coucher avec des morts, je veux décoller, je veux me casser de ce cimetierre… mmmh ! malgré Marie-Ange qui me faisait ses yeux de velours tendre à qui j’aurais bien touché le Velin soyeux de sa peau. Dans le cimetierre il y avait un ange.
Toujours à Font Romeu, je me souviens d’un bouquin de Jules Vernes. « De la terre à la lune ». Je pense que je ne me serais jamais rappelé de ce livre, si on ne me l’avait pas volé. On avait enlevé mon frère. On m’avait volé un ami proche avec qui j’échangeais tous les jours. Un livre, quand tu veux, tu l’ouvres un peu, il te raconte en privé des aventures incroyables. Il t ‘écoute lui avec ses feuilles grandes ouvertes. Tu le regardes dans le noir des lettres, les lettres te rentrent dans le blanc des yeux.
Le livre est un être vivant !
Si on ne m’avait pas volé, je n’aurais peut-être jamais compris pourquoi aujourd’hui je suis tellement attaché à eux.
Les livres sont vivants, bien plus vivants que certains somnambules de chair et de sang, morts-vivants ou vivants-morts, grotesque, moraliste, sirupeux, mouillant.
Chez moi, le livre est plus qu’un livre, c’est une rencontre, un voyage, une expérience.
Pour illustrer cela, et vous démontrer définitivement qu’un livre est un être vivant, voici quelques lignes d’un bouquin que je voulais vous faire partager ce soir.
C’était en 1992. En Soule, quelques obscurantistes, paysans passéistes, ténébreux militants gauchistes, écolos, abertzale, anarchistes, et autres citoyens divers luttaient contre le gazoduc. En vallée d’Aspe, des drogués, des étrangers un peu trop flower-power, des Aspaches plumes au vent, peut-être même murmure-t-on des homosexuels s’opposaient au percement du tunnel du Somport… Et Christian Laborde dans « Danse avec les ours »...

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